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louise leclercq

dévoués, actifs, probes et comme des enfants de la maison. S’ils avaient quelque amourette là-haut, où logeaient les bonnes, il n’y paraissait ni à leur exactitude ni à leurs dépenses ni à leur langage, qui était toujours des plus respectueux.

Louise tint parole à Léon et lui écrivait tous les jours. Ses lettres plus maternelles encore que conjugales faisaient le meilleur effet sur le bon garçon. Elle le mit au courant de la situation, — lui promettant, et Léon savait bien que promettre pour Louise c’était tenir, — de se marier avec lui aussitôt que serait morte sa mère malheureusement condamnée par les médecins. Ils vivraient à Bruxelles de sa place à lui et de la petite fortune qu’elle réaliserait par la vente du fonds d’épicerie en outre des économies du ménage Leclercq.

Léon se résignait, se tenait sage, sourd aux grosses tentations belges, tout à Louise et à l’avenir en elle.

Ce fut patiemment donc en somme qu’il attendit. Il avait fait part de son changement à sa mère avec laquelle il garda de bons rapports et dont il pouvait attendre quelques mille francs. La mort de Mme Leclcrq prit place deux mois après le retour de sa fille qui l’avait soignée divinement. La vente du magasin s’opéra dans les meilleures conditions et le mariage put avoir lieu avant la naissance de Léonie Doucet, que celle d’un Louis suivit à un intervalle d’un an.