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pierre duchatelet

ficats possibles pour ce dernier cas. Il avait refusé en souriant l’occasion d’ainsi se soustraire « aux grands devoirs assumés ».

Mais ce matin-là il pensait à cette proposition d’autant plus sérieusement que depuis quelques jours il était question du versement dans les bataillons de marche d’une certaine catégorie de gardes mariés. Son âge de vingt-six ans semblait devoir l’exempter encore cette fois, — mais il n’y avait plus de temps à perdre pour quelqu’un de dégoûté comme lui, de découragé, — et de malade susceptible de passer impropre au service.

Non, il n’y avait plus de temps à perdre.

Il allait donc, dès rentré en ville, courir chez son ami le docteur, emporter le fameux certificat, l’envoyer à son féroce capitaine — et vive la liberté !

Tout rasséréné par cet avenir qu’il touchait de la main, auprès de quelques camarades d’ailleurs presque inconnus assis aux feux de bivouac, échangeant avec eux des nouvelles de la nuit passée, lâchant même quelques plaisanteries, jusqu’à des calembours, pour laisser du moins de lui un souvenir cordial et pas fier à ces chers compagnons d’armes dont il « devait » bientôt se séparer, il songeait comme en un gîte.


Soudain un coup de tambour retentit. Il s’agissait d’une communication générale de l’État-Major aux bataillons, officiers, sous-officiers