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pierre duchatelet

pas plus retrouver sa femme que précédemment.

Elle était pourtant venue, se doutant bien que Pierre était aux avant-postes. Encore un peu, il l’aurait rencontrée, car elle pensait comme tout le monde du reste, que l’affaire durerait plus longtemps.

Oui, elle était venue, la concierge le dit à Pierre, il y avait à peu près deux heures (il en était quatre de l’après-midi) et était repartie, à pied cette fois, sans bagage, avec la bonne.

Elle avait, on peut le dire, soudoyé celle-ci, qui était une précieuse cuisinière et une femme de chambre parfaite, — n’emportant d’ailleurs que le médaillon de cire dont il a été question plus haut.

Quel coup, pour le pauvre Pierre, quand il constata la disparition de cet unique objet ! Il y avait donc de la haine dans la fuite de sa femme ? Ah ! maintenant la rancune, — un esprit de vengeance conjugale l’envahissait. Il avait un couteau dans sa poche. Se débarrassant du fusil, du sabre-baïonnette et de tout son équipement de guerre, il descendit l’escalier quatre à quatre et fut en un quart d’heure à la porte de son beau-père.

Son furieux coup de sonnette fit venir ce dernier qui, à ses questions précipitées, hachées : — Où est Jeanne ? Voilà deux jours qu’elle n’est pas rentrée. Que signifie cette lettre ? Savez-vous quoi ? vous !