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mémoires d’un veuf


Mais l’Empire nous réclame. Il serait en effet impardonnable de ne pas regarder avec toute l’attention qu’ils méritent les retours de l’île d’Elbe et les effets de bras derrière le dos nombreux dont cette portion de notre histoire a doté l’imagerie contemporaine. La Clémence de l’Empereur n’est-elle pas une chose bien remarquable ? L’infortunée comtesse se tord les bras, qu’elle a du reste aux trois quarts couverts par d’immenses gants, tandis que le grand homme s’apprête à jeter la lettre compromettante dans un feu qui flambe de joie, à en juger par l’intensité et la violence des hachures qui le constituent. Les grandes bottes, le petit chapeau, le menton de galoche, le coup d’œil d’aigle, et l’aide de camp attendri mais cambré, ajoutent à cette scène tout intime un relief officiel qui pénètre d’un respect salutaire l’admiration due.

Un mâle stoïcisme et une vue exaspérée des fortifications de Paris décorent la composition intitulée : Napoléon blessé au siège de Ratisbonne. Ô chirurgien, va sans crainte ! Ce pied que tu recouvres de bandelettes, ce pied n’est pas celui d’un héros vulgaire. Vois plutôt ! la figure de ton empereur, au lieu d’exprimer une douleur quelconque, sourit au contraire, et, de cette voix qui commande aux rois, semble te dire : chirurgien, va sans crainte !

Honneur au courage malheureux, les Pestiférés