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mémoires d’un veuf

bambins et bambines, qui mangeant une interminable tartine, qui se grattant la tête, qui renfonçant le pan de sa chemise à l’endroit sur lequel on est coutumier de s’asseoir, psalmodiaient de leur timbre frais et faux un De profundis puéril, tandis qu’un autre, assisté de deux autres, tous trois emmitoufflés de vieux châles octroyés par maman, officiait sur une pierre kilométrique.

Ce spectacle fit faire à mes lèvres un mouvement auquel mes pensées ne les ont guère habituées ; et vous saurez de quelle nature fut mon sourire, quand je vous aurai appris que mon sentiment à l’égard de « cet âge » est exactement celui professé par le fabuliste Jean de Lafontaine.


II


Pourquoi le Poète, qui n’est qu’un enfant en somme, un peu moins consciemment pervers que les autres peut-être, pourquoi le Poète, lui aussi, ne jouerait-il pas à « l’enterrement » ? Ou, si vous aimez mieux, pourquoi ne se distrairait-il pas à manier les choses funèbres de ses innocentes mains sacrilèges ? Pourquoi, en un mot, ne fût-ce qu’à ces fins de se conformer à l’esprit d’un siècle qui paraît avoir à jamais répudié la mélancolie, et ne songe plus qu’à rigoler (pour faire un emprunt au plan-