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mes hôpitaux

une mélancolie que j’ai déjà connue dans mes « entr’actes », un tantinet rageuse, goguenarde un petit, reconnaissante tour à tour et rancunière à nos souffrances morales et autres, aux médecins inhumains ou bons, aux infirmiers rosses ou pas, à telle ou telle surveillante qu’on maudissait quand on ne la mystifiait pas, — pas nous, les autres ! — parce qu’elle était trop bonne, etc., etc.

Et peut-être un jour regretterons-nous ce bon temps où vous, travailleurs, vous vous reposiez ; où nous, les poètes, nous travaillions ; où toi, l’artiste, tu gagnais ton banyuls et tes todds avec des portraits de suppléantes et d’élèves et quelles « fresques » dans la salle de garde !

Oui, peut-être un jour nous reviendront, mélodieuses du passé, ces conversations de lit à lit, de bout à bout de salle parfois : « Allons, messieurs, un peu de silence, donc ! Nous ne sommes pas ici à la Chambre. Taisez-vous, 27, espèce de cheval de retour ! C’est toujours les abonnés qui font le plus de pétard ! », ces discussions plus qu’animées et rien moins qu’attiques ; ils nous reviendront, ces sommeils coupés de cris d’agonie, ces vociférations de quelque alcoolique, ces réveils avec de ces nouvelles : « Le 15 a cassé sa pipe. — As-tu entendu ce cochon de 4 ? Quel nom de Dieu de sale ronfleur ! » Par-dessus tout nous reviendra, hélas ! sous forme d’utile regret, ce calme sobre, cette stricte sécurité