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mes prisons



III

UNE… MANQUÉE


Le regretté Arthur Rimbaud et moi, férus d’une male rage de voyage, partîmes par un beau jour, si je ne me trompe, de juillet 187…, pour A…, où j’avais fait et devais faire depuis de nombreux séjours en famille, et d’autres. Ville curieuse, maisons espagnoles du bon xviie siècle et quelques monuments dont le plus bel hôtel de ville gothique de France, caserne et couvent, cloches et tambours. Nul commerce et peu d’industrie. Quelques richards confinés derrière les hautes fenêtres à volets blancs de leurs petits hôtels à beaux jardins. La population, aisée ou pauvre, casanière, mais de bonne composition.

Nous nous mîmes dans le train vers dix heures du soir et arrivâmes au jour. Le tour de la ville fut vite fait, ces places fortes sont resserrées, et en attendant que fussent levées les personnes susceptibles de nous accueillir amicalement sans trop de dérangement pour elles, nous résolûmes d’aller déjeuner au buffet de la gare où nous prîmes préalablement chacun un ou plusieurs apéritifs… en causant de choses et d’autres. Rimbaud, malgré son extraordinairement précoce sérieux qui allait quelquefois jus-