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mes prisons

quelque compassion pour leurs quasi-justiciables. J’en fis l’expérience comme on va voir, et j’envoie d’ici à ce corps, qui n’est là-bas point d’élite, mais tout bonnement spécial, mon très cordial bonjour, non pas au revoir, tout de même, en dépit des procédés gentils, dont voici quittance.

Quoi qu’il en soit, ils me conduisirent, ces excellents alguazils, haut coiffés et fort bottés, après un stage ès un vestibule assez pauvrement meublé, dans la •••me Chambre (le souvenir du numéro me fait défaut) du Tribunal correctionnel.

Vilaine, étroite et galeuse cette chambre, ou plutôt cette salle, jadis crépie à la chaux, alors tout écaillée, lézardée et comme menaçant ruine. Au mur d’en face (le public assis sur des bancs de bois, munis juste de dossiers, qu’il semblait qu’on eût pleuré pour les mettre là) un Christ dartreux pendait qui paraissait se faire des cheveux trop longs et n’avoir été perché en ce lieu que pour regarder les prévenus

« D’un air fâché ».

Les trois conseillers chargés de me faire mon affaire, siégeaient en des fauteuils cachés par leurs larges manches, vêtus à peu de chose près comme nos juges français, derrière une table à tapis vert uni, sur laquelle des codes, des papiers, des écritoires et un pupitre central pour M. le Président.