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mes prisons


On me fit asseoir en face du tribunal sur un simple tabouret sans gendarmes à mes côtés, mon avocat derrière moi, en costume presque pareil à celui des avocats que l’Europe nous envie et que la France nous envoie, en masses profondes, à la Chambre et au pouvoir.

« Mon audience » commença. Même cérémonie qu’en France :

— Accusé, levez-vous.

— Vos nom et prénoms ?

— Profession ?

— Vous êtes accusé d’avoir, etc.


et, après un interrogatoire, d’ailleurs court et pas trop féroce, le traditionnel : — Allez-vous asseoir. Et tandis que j’obtempérais, le procureur du Roi se leva.

Je vois encore le personnage, petites moustaches en crocs, petits favoris dits « Cambronne », une main dans la poche de son pantalon de coutil blanc (pourquoi pas de treillis ?) retroussant comme cavalièrement, à la houzarde, la robe noire, tandis que son autre main retirait de dessus sa petite tête, la disgracieuse lourde toque de l’emploi et la posait sur la table étroite, aussi, du décors recouverte d’un tapis comme celle du tribunal et, comme elle chargée de codes, de papiers, d’un écritoire, et d’un pupitre.

« Messieurs, débuta-t-il, en me désignant, l’hom-