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mes prisons

me que vous avez devant vous est un étranger… »

Et c’était comique d’entendre en français, cet accent par trop belge que vous avait ce jeune à peine sorti de quelque Louvain ou de quelque Gand ou de quelque autre université du cru.

Puis, passant aux faits de la cause et après avoir déploré qu’il n’en fut pas en justice civile comme devant les conseils de guerre pour lesquels « l’ivresse n’est pas une excuse », il me flétrit en me traitant de lâche (quelle logique !) « Oui, messieurs, l’assassin » — il oubliait que l’accusation d’asacinat avait été abandonnée, « oui, l’assassin tire de sa poche un revolver à six coups chargé (simplet, s’il n’avait pas été chargé, à quoi bon le tirer de ma poche ? raisonnons un peu tout de même), il vise sa victime (prononcez victimne), deux coups partent dont l’un atteint l’infortuné. » (Ô Rimbaud alors confortablement soigné pour ton bobo que je déplorerai quand même toute ma vie de t’avoir fait, en voulant d’ailleurs faire pire, comme tu eusses ri, pauvre ami disparu à jamais, de t’entendre ainsi qualifier !) « Et ensuite, messieurs, non content de ce premier crime (lisez délit)… »

Et le « magistrat debout » raconte en son langage et à sa manière la scène, d’ailleurs déplorable, de la rue, et finalement réclame pour moi « toutes les sévérités dont la loi est armée ».

Se conformant à ces conclusions, malgré une