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Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/442

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mes prisons

la grandeur de l’Offensé, mais sans nul doute pour mon examen d’à présent, fort exagérés.

D’ailleurs on est fier souvent quand on se compare.

Et je suis comme la généralité des hommes.

L’aumônier, un homme d’expérience prisonnière et pour sûr habitué à ces sortes de conversions, vraies ou fausses, mais, j’en suis convaincu, persuadé de ma sincérité, néanmoins me calma, après m’avoir félicité de la grâce reçue, puis, comme, dans mon ardeur probablement indiscrète et imprudente de néophyte hier encore littéralement tout mécréance et tout péché, je demandai à, j’implorai de me confesser sur-le-champ, dans ma crainte de mourir impénitent, disais-je, il me répliqua en souriant un peu :

« N’ayez crainte. Vous n’êtes déjà plus impénitent, c’est moi qui vous l’assure. Quant à l’absolution et même à la simple bénédiction, veuillez attendre encore quelques jours ; Dieu est patient et il saura bien vous faire encore un petit crédit, lui qui attend son dû depuis pas mal de temps déjà, n’est-ce pas ?

« Et à très, très prochainement, aujourd’hui même. »