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Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/460

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mes prisons

que je puis espérer. Je savoure pendant quelques jours trop brefs, la cordialité calme, la bonhomie fine et réfléchie de mes nouveaux amis, leurs applaudissements, leurs louanges après chaque séance, les jours suivants et dans les trois quarts des journaux littéraires et artistiques du pays, j’admire cette étrange contrée, toute verdure et toute eau, ces villes à l’architecture traditionnelle — et je reprends presque, hélas ! le train pour Paris. Je repasse à Mons et revois le

«… Château qui luis tout rouge et dort tout blanc. »

Et cette fois je me reporte au passé :

Le chemin que je viens de faire en littéral principicule, en véritable baron de la finance, sur des coussins capitonnés, entouré de tout le confortable possible et l’objet de tous égards de la part des employés de tous grades, je l’ai subi jadis, en wagon cellulaire pour descendre d’un panier à salade, dans une cour de pénitencier entre des gardiens de prison et des gendarmes pour escorte.

Là, j’ai d’abord gémi, blasphémé, d’avoir de quels vils, de quels sots, de parfois quels odieux regrets — puis, je l’ai raconté quelques pages plus haut sont venus la conversion — et le bonheur pendant une persévérance de plusieurs années. Le relâchement peu à peu s’en est suivi, puis les chutes à nouveau…