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les poètes maudits


Et ma mère en fuyant pour ne plus revenir
M’emportera vivante à travers l’avenir !

Mais avant de quitter les mortelles campagnes
Nous irons appeler des âmes pour compagnes,

Au bout du champ funèbre où j’ai mis tant de fleurs,
Nous ébattre aux parfums qui sont nés de mes pleurs.

Et nous aurons des voix, des transports et des flammes
Pour crier : Venez-vous ? à ces dolentes âmes.

« Venez-vous vers l’été qui fait tout refleurir,
Où nous allons aimer sans pleurer, sans mourir ?

« Venez, venez voir Dieu ! nous sommes ses colombes.
Jetez-là vos linceuls, les cieux n’ont plus de tombes,

« Le Sépulcre est rompu par l’éternel amour.
Ma mère nous enfante à l’éternel séjour ! »


Ici la plume nous tombe des mains et des pleurs délicieux mouillent nos pattes de mouche. Nous nous sentons impuissant à davantage disséquer un ange pareil !

Et, pédant, puisque c’est notre pitoyable métier, nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement, — avec George Sand, si différente, dure, non sans des indulgences charmantes, de haut bon sens, de