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les hommes d’aujourd’hui

d’amis et d’inconnus venait ensuite, bizarre ai-je dit, j’aurais dû dire hétéroclite par excellence : les sommités de la littérature, des arts, de la presse et du monde politique y coudoyaient la plus basse ouvriaille et les moins douteux galants de la Vénus vulgaire.

N’importe !

Moi, à cette époque fabuleuse, je me trouvais être hébertiste, comme ça, bondé de renseignements historiques et plus innocent des agis actuels que l’enfant non encore né. Ce mouvement communaliste, anonyme à force de noms obscurs, ce titre non déclamatoire : Comité central, une affiche éloquente dans sa précision quasi bonapartesque, la garde nationale, enfin, terrible après Daumier, Cham et Monnier, m’avaient grisé. J’aimais une révolution que je savais avoir du plomb dans sa giberne et que je voyais si fière.

Et, comme le hasard m’avait placé dans le long défilé à côté de M. Edmond de Goncourt, que je connaissais un peu depuis Henriette Maréchal, je lui fis part de tout ce que nous avions sous les yeux : cet enterrement, unique au monde, du fils d’un poète retentissant, parmi cette insurrection colossale, etc., etc.

Il me fut répondu doucement :

« M. Thiers est un détestable écrivain ou plutôt ce n’est pas un écrivain du tout, mais du moins,