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confessions


Toutefois il n’est que juste de dire avec empressement que mes « chutes » se bornèrent à des enfantillages sensuels, oui, mais sans rien d’absolument « vilain » — en un mot, à des jeunes garçonneries partagées au lieu de rester… solitaires. Il y a là toute une philosophie et surtout une morale que je dégagerai peut-être ici même, bientôt.

Ouf ! — en attendant pour plus tard de mieux intéressantes révélations dans cet ordre d’idées et dans d’autres, parlons à nouveau littérature, voulez-vous ? puérile et adolescente littérature, l’histoire en abrégé, entendais-je dire, de ma vocation, des mois d’apprentissage préparatoires aux années et aux années d’instruction et d’éducation.

J’avais seize ans, j’étais en seconde, ayant passablement lu d’à peu près tout, poésie, romans, de Paul de Kock à Paul Féval, d’Alexandre Dumas à Balzac, voyages, traductions, le tout dans mon pupitre, les Misérables qui venaient de paraître, loués à un cabinet de lecture du passage de l’Opéra, — et j’avais déjà fait plusieurs pièces, les plus enfantinement « farouches » et intransigeantes, tous les Poèmes Saturniens tels qu’ils parurent en 1866, sans compter bien d’autres « poèmes » qu’un goût meilleur qu’eux me fit écarter de ce premier livre. Je disais dans le chapitre précédent que je ne publierais ici aucun de ces vers par trop de « jeunesse ». Depuis changeant d’avis, je ne sais, à parler franc,