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souvenirs et promenades

Luxembourg, dans un des quartiers les plus paisibles de la ville et pour cela exquis, tout proche, en outre, des boulevards qui forment avec ceux de Paris l’antithèse précisément la plus hugotique qu’on puisse rêver : tout silence, luxe intime et profusion de richesse discrète, si l’on peut risquer ces mots, profusion et discrète, qui pourtant peignent bien la chose, encore que bien apparemment contrastant entre eux, eux aussi.

Le fiacre, sur notre indication, nous conduisit en face de la « station » du Nord, en la première maison même du faubourg de Saint-Josse-Ten-Noode, appelé alors grand hôtel liégeois, un endroit assez confortable et assez modeste que j’ai retrouvé, il y a deux ans, transformé en un splendide « Bar américain » avec dépendances, etc.

Le temps juste de m’habiller et je bondis plutôt que je ne courus place des Barricades, où demeurait Charles Hugo.

Cette place, n’est pas une merveille. Elle témoigne de la province la moins pittoresque qui se puisse imaginer et de l’abominable époque de la fin du dernier Empire. Elle doit certainement son nom révolutionnaire à quelque épisode de la guerre de l’Indépendance belge (pardon ! rien du journal, mais l’habitude, la sotte habi-