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critique et conférences

Gabriel Vicaire, l’auteur de déjà tant d’autres volumes tant prisés des vrais compétents, les Emaux bressans, la Légende de Saint-Nicolas, l’Heure enchantée, À la bonne franquette, etc.

C’est un assez grandelet recueil, tout à l’amour sylvestre, mais pas à la Florian, non plus qu’à la Théocrite ; mais tout bonnement — et que c’est donc bien à lui ! à la Vicaire.

À la Vicaire, c’est-à-dire en des vers clairs et délicieusement simples, tendrement et malicieusement. Au lieu des choses archi-alambiquées trop familières au pédantisme, à la sécheresse en vain mouillée de mots et délayée dans des phrases dont usent « certains jeunes » — quels mots et quelles phrases et quels jeunes ! vous ne trouverez ici qu’émotion réelle dans une langue parfaite, langue formée aux fortes études classiques, puis d’ensuite, les plus décisives peut-être, du moins dans les cinq sixièmes des cas.

Ces études, chez Vicaire, infinies lectures à droite et à gauche, une érudition curieuse de tout et renseignée immensément, fréquents séjours à la campagne et au village sans cesse occupés à l’observation amoureuse de la nature surprise chez elle, une recherche fervente des traditions, des légendes, jusqu’à l’étude par le menu des chansons populaires de son pays, la Bresse, ont formé un poète bien à part, entre