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critique et conférences

tous ceux d’à peu près ma génération. Il se distingue du groupe parnassien par l’aise et la liberté de son allure, tout en s’y rattachant par la forme absolue et la pureté. Quant aux « écoles » un peu contestées qui furent actuelles il y a cinq ou six ans, Décadents et Symbolistes, elles ne le comptèrent jamais dans leurs rangs. Même il fit dans ces temps-là, avec Beauclair, un petit volume qui obtint un succès retentissant. Ce livre, intitulé Les Déliquescences, par Adoré Floupette, chez Léon Vanné, éditeur à Bysance, raille avec une grâce et une malice parfaites les prétentions quelque peu formidables des « réformateurs », leurs rhythmes abracadabrants et leurs rimes… ou leur manque prémédité de rimes allant sous le nom de « Vers Libre », le choix excessif de leurs vocables et le lâché ou le guindé de leurs tournures… Les Déliquescences firent fureur à leur époque : les poètes visés prirent en général bien la chose. Pour mon compte, comme à tort ou à raison, à tort plutôt, je passais pour l’un des « gros bonnets » du groupe, on m’y prêtait ces vers bouffons et ce vœu, j’espère, point trop encore réalisé :


 « Je voudrais être un gaga
Et que mon cœur naviguât
Sur la fleur du seringua ! »