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critique et conférences

dessus tout, la fable si simple et si terrible. Eh bien, voici comment M. Barbey d’Aurevilly juge cette œuvre, honneur de notre époque, et qui sera tantôt l’honneur du siècle :

« Salammbô est tombée définitivement dans le plus juste oubli. Elle y a rejoint les Incas : deux livres du même genre, avec les diilerences de siècle… M. Flaubert m’a fait l’effet de n’avoir plus rien dans le ventre.... »

Les bras en tombent, n’est-ce pas ? Mais écoutez ceci :

« Le Capitaine Fracasse, sachez-le bien, n’est qu’un morceau de tapisserie faite d’après les tableaux plus ou moins oubliés ou empoussiérés maintenant de ces maîtres qu’on appelle Scarron, Cyrano de Bergerac et, pour mieux dire, tous les romanciers du commencement du XIIe siècle, que M. Théophile Gautier a imités dans ce roman sans vie et sans passion réelle, etc… »

À la bonne heure ! voilà les gros arguments ! La vie ! La passion ! Pour une œuvre d’archéologie et de curiosité comme le Capitaine Fracasse, c’est bien de la vie et de la passion qu’il faut ! Un peu de nature humaine ne ferait pas mal non plus. Quand à la langue splendide de ce roman picaresque, quant aux merveilleux chapitres intitulés : Le Château de la Misère, Effet de neige, Brigands pour les oiseaux, et tant