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critique et conférences

il objectait fortement contre ce qu’il appelait, peut-être avec raison, les « véritables barbarismes » que constituait dans nombre des poèmes de Leconte de Lisle et de poèmes imités de ce maître l’orthographe du nom des dieux de la Grèce antique. Enfin il protestait contre les tendances à l’impassibilité de la nouvelle école, — sans que ce nom ridicule, école, fut prononcé, — y trouvant une cause de froideur et, pour ainsi dire, de stérilité qui allait de soi. Sa conversation abondait en anecdotes contées avec une bonne humeur toute simple et malicieuse sans nulle acrimonie. Lui même, parfois, il riait franchement à tel souvenir qui lui passait par le discours et il y avait quelque chose de comique dans sa physionomie dans ces moments là : son long nez sur sa longue barbe, le mouvement ascensionnel de sa moustache portée en brosse, le pli profond de sa joue maigre et basanée par la mer de son pays, lui donnaient alors l’air d’un vieux zouave en gaîté. Il ne tarissait pas sur Victor Hugo, avec qui il avait vécu longtemps dans la plus complète intimité à Jersey et à Guernesey, et qu’il voyait encore très fréquemment à cette époque, en exil toujours (1867-68). Son enthousiasme, calmement exprimé — il parlait avec une certaine, non pas lenteur ni préciosité, mais précision légèrement appuyée, —