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critique et conférences

son enthousiasme, tout juvénile vraiment, étonnait et charmait délicieusement, je vous assure, chez cet homme de déjà quarante-huit ans qui sur tant de choses et de gens paraissait si déterminément sceptique. Beaucoup, entre autres, d’historiettes, à propos de ce malencontreux Napoléon III qu’il poursuivait d’une haine pour le moins aussi forte que l’auteur des Châtiments ; historiettes presque toujours polissonnes. N’ai-je pas entendu Victor Hugo en plein dîner, à Bruxelles, dire solennellement : « Bonaparte, c’est une prostate ». Et je vous prie de croire que ce pauvre empereur n’était guère plus ménagé dans ses mœurs qu’à propos de toutes autres choses par le disciple que par le maître.

Et puis il parlait des beaux voyages qu’il avait faits, principalement en compagnie de l’illustre critique Paul de Saint-Victor, et il mettait dans ces récits, bien que n’étant pas précisément ce qu’on appelle un causeur, une verve étourdissante qui donnait fort à regretter qu’il ne les eut pas couchés sur le papier.

Sur Victor Hugo, je l’ai dit plus haut, il était intarissable. Je voudrais pouvoir me bien souvenir de tous les détails qu’il donnait aux amis sur la vie et les habitudes du grand homme. Entre autres choses si intéressantes, dont il était prodigue envers ceux qu’il estimait dignes de