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critique et conférences

sition plus littéraire et dramaturgique[1] que politique, avait été élevé à la pairie par ce Louis-Philippe de qui il trace d’ailleurs un portrait si flatté dans Les Misérables.

De méchantes langues prétendent que sa brouille avec Napoléon III eut pour motif le refus par celui-ci de l’admettre dans ses Conseils en qualité de ministre de l’Instruction publique ; imputation dont il se défend comme un beau diable dans l’Histoire d’un Crime. D’autre part, j’ai lu, où donc cela ? que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle  Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes. Celle du prince tourna pour de bon et l’incident est devenu de l’histoire brillante et cruelle. La tête du poète n’aurait pas été loin d’en faire autant, sans l’orgueil froissé, car la

  1. Ce recueil paraîtra-t-il jamais ? Je sais par le regretté Jules Tellier qui a eu en main toute l’œuvre posthume d’Hugo, qu’il existe entièrement fini. J’en connais même des vers, et non des moins intéressants, que mon pauvre ami m’avait communiqués verbalement, en grande quantité, grâce à sa prodigieuse mémoire.