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critique et conférences


Eh bien ! ce que des malheureux m’ont reproché ces toutes naturelles fleurettes ! Je trahissais l’Église, disaient les rares, très rares, extraordinairement rares catholiques (?) daignant s’occuper de moi ; je marquais un point dans la décadence, chantonnait un normalien ; les vulgaires Montorgueil et les banals Caribert trouvaient tout doucement que c’était insignifiant et que mes amis avaient bien tort d’ « applaudir à cela ». Aujourd’hui, l’affreux Caribert, à qui j’ai été, par suite d’une insinuation aussi odieuse que gratuite, forcé d’apprendre jadis que telle aventure judiciaire m’était arrivée par suite uniquement de violences, ce même monsieur, dis-

    teur des Fleurs du Mal, fidèle, comme il le dit, à son douloureux programme et forcé, de par son titre même, à des logiques heureusement presque inaccessibles, y ait même essayé ? Et je suis sûr qu’il n’a jamais frappé une femme ni voulu se procurer des sensations « inédites » par des moyens chirurgicaux. Pauvre grand Baudelaire, d’ailleurs si méconnu, si inconnu ! Dernièrement encore, mon vieux camarade Lepelletier ne parlait-il pas d’immense mystification à froid à propos de la candidature du grand poète à l’Académie ? Qui donc y eût été mieux à sa place que Baudelaire, ce lettré, cet impeccable, lui, autant, certes, que Gautier, ce jamais content de son travail, à l’égal, je pense, de Flaubert ? Et, au fond, ce vrai correct, ce hautain comme il faut, et ce modeste, et ce presque timide, mais timide à sa façon, la bonne, qu’il était dans la vie !
    L’Académie lui a préféré qui donc ?