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voyage en france par un français

symptôme rassurant, ainsi que nous en avons pris plus haut l’engagement, l’influence néfaste, latente ou étalée du dissolvant suffrage en question. Pour l’instant, il nous suffira de constater l’énorme aplatissement du peuple français depuis qu’il s’est forgé les chaînes de Quatre-vingt-neuf et a passé par tous les maîtres qui ont bien voulu s’en faire craindre et servir. Un des traits de cet aplatissement, c’est la patience toute nouvelle avec laquelle ce peuple accepte et subit les plus lourdes charges à lui imposées par ses élus. Tous les impôts possibles sur les matières les moins vraisemblablement imposables, un service militaire de plus en plus écrasant et qui leur répugne, l’administration s’alourdissant et se relâchant chaque année davantage, tout cela passe sur nos Français comme un chien dans un troupeau. On se range et on s’aligne avec une soumission qu’on refuse au bon Pasteur lui-même. Et la raison m’en était donnée tout à l’heure par un futur électeur, un jeune homme plein d’ailleurs de bon sens, de cœur et de jugement pour son âge, et qui reviendra certainement sur son opinion d’aujourd’hui que je vous livre dans toute sa verdeur de la vingtième année française : « Que voulez-vous ? Au moins ces gens-là, s’ils me tyrannisent, JE LES NOMME ! » Folie partagée par