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Page:Verlaine - Correspondance, t1, 1922.djvu/18

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portée ni intérêt. Que le lecteur se rassure. Si les moindres autographes de Verlaine atteignent aujourd’hui des prix exorbitants, il ne s’ensuit pas que nous devions leur accorder toujours quelque crédit. Tout au plus songera-t-on à les mentionner à la fin de l’ouvrage, avec tels autres billets de mince importance, glanés dans les fonds que nous avons consultés. Nous avons mieux à faire que de reproduire de simples curiosités. S’il nous fallait désigner la valeur, en quelque sorte sentimentale, des originaux que nous avons entrepris de faire connaître, c’est encore dans les lettres à Lepelletier que nous choisirions les pièces les plus dignes de retenir l’attention et d’illustrer nos exemples. On a vu trop souvent circuler de simples « mots » écrits par le poète sur le papier de l’Assistance publique, pour que nous nous attachions à faire état de ces tristes témoignages de la rançon du génie. Il en est de plus émouvants. Nous voulons parler des Lettres de la Prison, des pauvres lettres quasi-confessionnelles où, d’une main qui s’efforçait à ne point se trahir, sur un méchant papier quadrillé, et avec une encre que le temps efface peu à peu, Verlaine a tracé le récit de son calvaire : véritables reliques que nous n’avons jamais relues sans un douloureux serrement de cœur.

Sans doute suffit-il de donner la leçon intégrale de ces épitres pour évoquer le passé du poète et révéler au plus insensible des hommes le lourd faix d’infortune et d’erreurs pesant à ses épaules. Loin de s’atténuer avec les années, ces aveux mélancoliques gardent, au contraire, un accent qui ne semble pas près de faiblir.