Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/148

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On a tout su. La faute est bien délibérée
Et c’est bien un nouvel état que l’on se crée,
Un autre mariage à soi-même avoué.
Plus de retour possible au foyer bafoué.
Le mari, débonnaire ou non, fait bonne garde
Et dissimule mal. Déjà rit et bavarde
Le monde hostile et qui sévirait au besoin.
Ah, que l’aise de l’autre intrigue se fait loin !
Mais aussi cette fois comme on vit, comme on aime,
Tout le cœur est éclos en une fleur suprême.
Ah, c’est bon ! Et l’on jette à ce feu tout remords,
On ne vit que pour lui, tous autres soins sont morts.
On est à lui, on n’est qu’à lui, c’est pour la vie,
Ce sera pour après la vie, et l’on défie
Les lois humaines et divines, car on est
Folle de corps et d’âme, et l’on ne reconnaît
Plus rien, et l’on ne sait plus rien, sinon qu’on l’aime !

Or cet amant était justement le deuxième
De la marquise, ce qui fait qu’un jour après,
— Ô sans malice et presque avec quelques regrets —
Elle le revoyait pour le revoir encore.
Quant au miracle, comme une odeur s’évapore,
Elle n’y pensa plus bientôt que vaguement.

Un matin, elle était dans son jardin charmant,