Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/149

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Un matin de printemps, un jardin de plaisance.
Les fleurs vraiment semblaient saluer sa présence,
Et frémissaient au vent léger, et s’inclinaient
Et les feuillages, verts tendrement, lui donnaient
L’aubade d’un timide et délicat ramage
Et les petits oiseaux volant à son passage.
Pépiaient à plaisir dans l’air tout embaumé
Des feuilles, des bourgeons et des gommes de mai.
Elle pensait à lui, sa vue errait, distraite,
À travers l’ombre jeune et la pompe discrète
D’un grand rosier bercé d’un mouvement câlin.
Quand elle vit Jésus en vêtements de lin
Qui marchait, écartant les branches de l’arbuste
Et la couvait d’un long regard triste. Et le Juste
Pleurait. Et en tout un instant s’évanouit.
Elle se recueillait.

Soudain un petit bruit
Se fit. On lui portait en secret une lettre.
Une lettre de lui, qui lui marquait peut-être
Un rendez-vous.
Elle ne put la déchirer.

. . . . . . . . . . . . . . . .


Marquis, pauvre marquis, qu’avez-vous à pleurer