Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/92

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« Ils allaient fiers, les jeunes hommes,
Calmes sous leur drapeau flottant,
Et plus forts que nous ne le sommes
Ils avaient l’air très doux pourtant.

« Le fer terrible de leurs glaives
Luisait moins encor que leurs yeux
Où la candeur d’augustes rêves
Éclatait en regards joyeux.

« Leurs cheveux que le vent fouette
Sous leurs casques battaient, pareils
Aux ailes de quelque mouette,
Pâles avec des tons vermeils.

« Ils chantaient des choses hautaines !
Ça parlait de libres combats,
D’amour, de brisements de chaînes
Et de mauvais dieux mis à bas. —

« Ils passèrent. Quand leur cohorte
Ne fut plus là-bas qu’un point bleu.
Nous nous arrangeâmes en sorte
De les suivre en nous risquant peu.