Page:Verlaine - Jadis et Naguère, Vanier, 1884.djvu/153

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Ce fut du propre !Absent souvent trois jours sur quatre,
Il rentrait ivre, assez lâche et vil pour la battre,
Et quand il voulait bien rester près d’elle un peu,
Il la martyrisait, en manière de jeu,
Par l’étalage de doctrines impossibles.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


« Mia, je ne suis pas d’entre les irascibles,
Je suis le doux par excellence, mais, tenez,
Ça m’exaspère, et je le dis à votre nez,
Quand je vous vois l’œil blanc et la lèvre pincée,
Avec je ne sais quoi d’étroit dans la pensée
Parce que je reviens un peu soûl quelquefois.
Vraiment, en seriez-vous à croire que je bois
Pour boire, pour licher, comme vous autres chattes,
Avec vos vins sucrés dans vos verres à pattes
Et que l’Ivrogne est une forme du Gourmand ?
Alors l’instinct qui vous dit ça ment plaisamment
Et d’y prêter l’oreille un instant, quel dommage !
Dites, dans un bon Dieu de bois est-ce l’image
Que vous voyez et vers qui vos vœux vont monter ?
L’Eucharistie est-elle un pain à cacheter
Pur et simple, et l’amant d’une femme, si j’ose
Parler ainsi consiste-t-il en cette chose
Unique d’un monsieur qui n’est pas son mari
Et se voit de ce chef tout spécial chéri ?
Ah, si je bois c’est pour me soûler, non pour boire.