Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/62

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44 LES POÈTES MAUDITS plus fatiguer pour le moment notre petit public de notre prose, lui mettre sous les yeux un sonnet et une terzarima anciens, et inconnus, croyons-nous, qui le conquerront du coup à notre cher poète et cher ami dans le début de son talent s’essayant sur tous les tons d’un instrument incomparable. PLAGET J’ai longtemps rêvé d’être, ô Duchesse, l’Hébé Qui rit sur votre tasse au baiser de tes lèvres. A Mais je suis un poète, un peu moins qu’un abbé, Et n’ai point jusqu’ici figuré sur le Sèvres. Puisque je ne suis pas ton bichon embarbé, Ni tes bonbons, ni ton carmin, ni les jeux mièvres, Et que sur moi pourtant ton regard est tombé, Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres. Nommez-nous... vous de qui les souris framboises Sont un troupeau poudré d’agneaux apprivoisés Qui vont broutant les cœurs et bêlant aux délires, Nommez-nous... et Boucher sur un rose éventail Me peindra flûte aux mains endormant ce bercail, / Duchesse, nommez-moi berger de vos sourires. (1862) fy