Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/63

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LES POÈTES MAUDITS 45 Hein, la fleur de serre sans prix! Cueil- lie, de quelle jolie sorte! de la main si forte du maître ouvrier qui forgeait LE GUIGNON Au dessus du bétail écœurant des humains Bontlissaient par instants ]es sauvages crinières Des mendieurs d*azur perdus dans nos chemins. Un vent môle de cendre effarait leurs bannières Où passe le divin gonflement de la mer Et creusait autour d’eux de sanglantes ornières. La tête dans l’orage ils défiaient l’Enfer, Ils voyageaient sans pains,sansbâtons et sans urnes, Mordant au citron d’or de l’Idéal amer. La plupait ont râlé dans des ravins nocturnes, S’enivrant du plaisir de voir couler son sang. La mort fut un baiser sur ces fronts taciturnes. S’ils sont vaincus, c’est par un ange très puissant Qui rougit l’horizon des éclairs de son glaive. L’orgueil fait éclater leur cœur reconnaissant. Ils tettent la Douleur comme ils tétaient le Rêve i Etquandils vont rhythmant leurs pleurs voluptueux Le peuple s’agenouille et leur mère se lève. ’^