Jusqu’à ces derniers temps, aussi longtemps qu’a subsisté la nécessité de l’autorisation préalable, on peut dire que la liberté de la presse n’existait en France à aucun degré.
Le principe essentiel de la liberté de la presse, c’est que tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
Or, la liberté de la presse, ainsi nettement définie par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, inscrite en tête de la Constitution de 1791, n’existe pas, tant que la publication des journaux est assujettie au dépôt d’un cautionnement s’élevant à la somme énorme de cinquante mille francs.
La liberté de la presse n’existe pas pour ceux qui n’ont pas cinquante mille francs à déposer au Trésor : elle n’existe pas pour les pauvres.
C’est là la véritable gêne qu’il importe de faire disparaître avant toutes les autres, car elle étouffe la liberté dans son germe.
Le cautionnement des journaux est en contradiction formelle avec le suffrage universel qui est le principe de notre droit politique.
Le cautionnement n’a pas du tout pour objet, comme on le croit vulgairement, d’assurer le payement des amendes : le véritable objet de son ins-