influence peut aisément devenir dangereuse pour la liberté ; il paraîtra respecter les lois de la nation, mais dans le fait il en empêchera l’exercice et l’usage… Si les tribunaux au contraire sont trop indépendants du monarque et du peuple, alors ils chercheront par une usurpation successive et insensible des droits du peuple et du monarque à former un troisième pouvoir indépendant des premiers.
« Entre ces inconvénients opposés, il doit exister un moyen terme qui soit la vérité, une mesure juste qu’il faudra saisir ; et c’est dans les principes qu’il faut la chercher. Il est encore présent à vos esprits, messieurs, celui qui veut que tous les pouvoirs soient établis par le peuple et pour le peuple : l’impossibilité de les exercer tous l’a seul forcé à en déléguer quelques-uns. Mais il doit se réserver ceux qu’il peut exercer par lui-même.
« Il faut donc que la base du pouvoir judiciaire, celle qui consiste dans l’éclaircissement des faits, reste éternellement dans le peuple. Ce droit, il ne doit pas le déléguer puisqu’il peut l’exercer ; il doit au contraire le défendre comme sa plus chère propriété, puisque ce n’est que par ruse et pour son malheur qu’on tenterait de l’en dépouiller.
« Si les jurés sont une fois établis, si le peuple forme lui-même une partie intégrante de l’insti-