et chez les Germains ; elle n’a cessé de fonctionner chez les Anglais.
Duport se livre à ce propos à des considérations très-élevées qu’il est utile de bien méditer, car il s’agit d’une des matières les plus importantes de l’ordre politique, d’une de celles qui sont capables d’exercer la plus grande influence sur la liberté publique.
« Rappelez-vous en ce moment, dit Duport, ce que c’est que le pouvoir judiciaire en général : c’est celui qui réalise et réduit en actes les décisions générales et abstraites des lois. Son influence est d’autant plus grande qu’il n’agit pas, comme le pouvoir législatif, sur la masse entière de la société, mais qu’il saisit l’homme individuellement et agit sur lui avec toute la force publique ; c’est un pouvoir de tous les instants ; il est aux ordres pour ainsi dire de toutes les passions humaines, et toutes nos actions sont ou peuvent devenir de sa compétence. Ajoutez encore que, quelque chose que l’on fasse, il est comme impossible d’imposer jamais aux juges une véritable responsabilité.
« Un tel pouvoir a besoin d’être circonscrit et contenu dans des limites précises. Si les tribunaux sont trop subordonnés au pouvoir exécutif, ou que leurs relations avec lui soient trop intimes, son