millions d’années à sa disposition et l’on ne peut actuellement les remplacer dans les expériences par un autre facteur.
Toutes les expériences sur les organismes vivants ont été faites sur des corps qui au cours de temps incommensurables[1] se sont déjà adaptés aux conditions ambiantes, à la biosphère, y ont élaboré les matières et la structure nécessaires à la vie. Ces matières se modifient à travers les temps géologiques ; on ignore toutefois les limites de ces changements et on ne peut les déduire actuellement des investigations relatives à leur caractère chimique[2].
La déduction essentielle à tirer de ces faits, est que la vie englobe dans l’écorce terrestre une partie des enveloppes moins grandes que le champ de son existence possible, bien que l’étude de la nature démontre de manière incontestable l’adaptation de la vie à ces conditions, et l’élaboration de différentes formes d’organismes dans la succession des siècles, en vue de leur existence dans la biosphère.
On ne saurait mieux formuler la synthèse de l’étude séculaire de la Nature, la généralisation empirique inconsciente sur laquelle reposent tout notre savoir et tout notre travail scientifique, qu’en disant que la vie a englobé la biosphère par une lente et graduelle adaptation et que ce processus n’a pas encore atteint son terme (§§ 112, 122). La pression vitale (§§ 27, 52) se fait incessamment sentir autour de nous du fait du
- ↑ « Le temps immesurable » est une notion anthropocentrique. En fait, il y existe manifestement des lois qui ne sont pas encore établies, et une durée déterminée de l’évolution de la matière vivante dans la biosphère. (Au-dessus de 109 années ?)
- ↑ On cherche souvent les limites de la vie dans les propriétés physiques et chimiques des composés chimiques formant l’organisme, par exemple dans les albumines qui se coagulent à la température de 60-70°. On ne tient cependant pas compte des dispositifs d’adaptabilité complexes de l’organisme. Certaines albumines à l’état sec ne changent pas à la température de 100° (M. E. Chevreul).