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Page:Vernadsky - La Biosphère, 1929.djvu/81

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y créera une masse maxima possible d’organismes verts, un tel système sera dans un état d’équilibre stable.

Le rayon solaire ne peut pénétrer profondément la matière de la Terre ferme ; il rencontre partout des corps opaques qui l’absorbent ; c’est pourquoi la couche de matière verte créée par lui est très limitée.

Les grosses plantes, herbes et arbres, ont alors pour leur développement tous les avantages sur les protistes verts. Elles finissent par créer une plus grande quantité de matière vivante tout en y mettant plus de temps. C’est l’effet des propriétés du milieu. Les organismes unicellulaires ne peuvent produire qu’une très mince couche de matière vivante à la surface de la Terre ferme : ils y atteignent bientôt les limites de leur développement, l’état stationnaire (§ 37), et constituent, dans le système « rayon solaire — Terre ferme » pris dans son ensemble, une forme instable, car la végétation herbacée et boisée de la Terre ferme, malgré la réserve moins considérable d’énergie géochimique propre à son mécanisme, peut dans ces conditions fournir un travail plus considérable, et produire une quantité supérieure de masse vivante.


50. — On voit à chaque pas la répercussion de ce phénomène. Aux premiers jours du printemps, quand la vie s’éveille dans la steppe, celle-ci se couvre en quelques jours d’une mince couche d’algues unicellulaires, principalement de gros nostocs qui se développent rapidement. Ce revêtement vert disparaît bientôt, pour faire place à une végétation herbacée qui croît lentement et possède une énergie géochimique moins intense ; néanmoins, par suite des propriétés de la matière solide et opaque de la terre ferme, c’est l’herbe et non le nostoc (bien que celui-ci la surpasse en énergie géochimique), qui finit par prendre le dessus.