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Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 2.djvu/291

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Aucun des compagnons d’Harry Markel ne parut sur le pont. Ou ils étaient asphyxiés, ou ils n’avaient encore pu se frayer passage à travers la fumée et les flammes.

Il était alors cinq heures et demie du soir. Le vent assez régulier permettait d’installer la voile du canot, quitte à l’amener s’il venait à fraîchir. Tony Renault et Magnus Anders la hissèrent ainsi que le foc. Will Mitz, à la barre, les avirons furent dégagés de leurs tolets et rentrés en dedans. Afin d’obtenir toute la vitesse possible sans compromettre la sécurité, on donna un peu de mou à l’écoute, et ce fut grand largue que l’embarcation glissa à la surface de la mer.

Will Mitz n’était pas à un demi-mille, lorsque les deux autres mâts de l’Alert s’abattirent, après que les haubans et galhaubans eurent pris feu. Le navire, rasé comme un ponton, gité cette fois sur bâbord, ne se redressa pas. Puis, peu à peu, l’eau l’envahit par-dessus les bastingages. Quelques hommes se montrèrent sur son flanc, — entre autres Harry Markel. Le misérable jeta un dernier cri de colère, en voyant le canot si loin déjà qu’il serait impossible de le rejoindre.

Enfin, l’Alert, coulant à pic, disparut dans