Aller au contenu

Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Cent cinquante peut-être… répondit Will Mitz.

— Cent cinquante… s’écria John Howard, et nous n’apercevons pas encore la terre…

— Est-ce qu’il n’y a plus de terre de ce côté ?… » murmura Niels Harboe.

Will Mitz ne sut que répondre. La terre était là, mais à quelle distance, impossible même de l’estimer !

En réalité, s’il y avait des vivres pour quelques jours encore, il ne resterait d’eau douce que pour quarante-huit heures, à moins que la pluie ne vint à tomber.

Et, précisément, la sérénité du ciel enlevait tout espoir à cet égard. Ce vent, qui avait halé le nord, n’amenait pas un seul nuage. Le canot avait dû dériver vers le sud, et ce n’était pas en cette direction que se rencontrerait la côte américaine, mais bien le vaste Océan ouvert jusqu’aux limites de la mer Antarctique !

D’ailleurs, dans la nuit du 3 au 4 octobre, la brise tomba peu à peu, et, au lever de l’aube, la voile battait sur le mât.

Quel regard désespéré les plus énergiques jetèrent sur cette immensité !

Will Mitz, lui-même, croisant les mains,