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césar cascabel.


C’était à croire, vraiment, que le temps des épreuves était passé, et que ce fameux voyage s’accomplirait à l’honneur et au profit de la famille Cascabel !

Le lendemain, ce fut encore jour de repos, dont l’attelage profita pour se repaître consciencieusement.

Le 21 avril, la Belle-Roulotte repartit à six heures du matin, et trois jours après, atteignait la limite occidentale du pays des Iakoutes.



IX

jusqu’à l’obi


Il importe de revenir sur la situation de ces deux Russes qu’une mauvaise chance avait réunis à la famille Cascabel.

On pourrait croire que, reconnaissants de l’accueil qu’ils avaient reçu, Ortik et Kirschef étaient revenus à des idées meilleures. Il n’en était rien. Ces misérables, dont le passé comptait déjà tant de forfaits avec la bande de Karnof, ne songeaient qu’à en commettre de nouveaux. Ce qu’ils voulaient, c’était s’emparer de la Belle-Roulotte et aussi de l’argent restitué par Tchou-Tchouk ; puis, une fois rentrés en Russie sous l’habit de saltimbanques, y recommencer leur existence criminelle. Or, pour mettre ces projets à exécution, ils auraient d’abord à se débarrasser de leurs compagnons de voyage, de ces braves gens auxquels ils devaient la liberté, et, cela, ils n’hésiteraient pas à le faire.

Mais, ce projet, ils n’auraient pu l’exécuter à eux seuls. C’est pour cette raison qu’ils se dirigeaient vers une des passes de l’Oural, fréquentée par des malfaiteurs, leurs anciens complices, et là ils comptaient recruter autant de bandits qu’il serait nécessaire pour attaquer le personnel de la Belle-Roulotte.