— Un fugitif ! dit Samuel avec émotion.
— Oui !
— Ne le perdons pas de vue et attendons. »
Trois ou quatre milles furent promptement gagnés sur ces cavaliers qui filaient cependant avec une prodigieuse vélocité.
« Samuel ! Samuel ! s’écria Kennedy d’une voix tremblante.
— Qu’as-tu, Dick ?
— Est-ce une hallucination ? est-ce possible ?
— Que veux-tu dire ?
— Attends. »
Et le chasseur essuya rapidement les verres de la lunette et se prit à regarder.
« Eh bien ? fit le docteur.
— C’est lui, Samuel !
— Lui ! » s’écria ce dernier.
« Lui » disait tout ! Il n’y avait pas besoin de le nommer !
« C’est lui à cheval ! à cent pas à peine de ses ennemis ! Il fuit !
— C’est bien Joe ! dit le docteur en pâlissant.
— Il ne peut nous voir dans sa fuite !
— Il nous verra, répondit Fergusson en abaissant la flamme de son chalumeau.
— Mais comment ?
— Dans cinq minutes nous serons à cinquante pieds du sol ; dans quinze, nous serons au-dessus de lui.
— Il faut le prévenir par un coup de fusil !
— Non ! il ne peut revenir sur ses pas, il est coupé.
— Que faire alors ?
— Attendre.
— Attendre ! Et ces Arabes ?
— Nous les atteindrons ! Nous les dépasserons ! Nous ne sommes pas éloignés de deux milles, et pourvu que le cheval de Joe tienne encore.
— Grand Dieu ! fit Kennedy.
— Qu’y a-t-il ? »
Kennedy avait poussé un cri de désespoir en voyant Joe précipité à terre. Son cheval, évidemment rendu, épuisé, venait de s’abattre.
« Il nous a vus, s’écria le docteur ; en se relevant il nous a fait signe !
— Mais les Arabes vont l’atteindre ! qu’attend-il ? Ah ! le courageux garçon ! Hourra ! » fit le chasseur qui ne se contenait plus.
Joe, immédiatement relevé après sa chute, à l’instant où l’un des plus rapides cavaliers se précipitait sur lui, bondissait comme une panthère,