Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/117

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— Et dire que Henry Heine appelle ces gens-là des chênes sentimentaux ! ai-je ajouté.

— Alors il ne connaissait pas celui-ci ! répond M. Caterna. Chêne, je le veux bien, mais sentimental…

— À propos, dis-je, vous savez pourquoi ce baron a pris le Grand-Transasiatique ?

— Pour aller manger de la choucroute à Pékin ! riposte M. Caterna.

— Non pas… non pas ! C’est un rival de miss Nellie Bly. Il a la prétention de faire le tour du monde en trente-neuf jours…

— Trente-neuf jours ! s’écrie M. Caterna. Vous voulez dire cent trente-neuf ! Pas sportif, ce baron, oh ! pas du tout sportif ! »

Et le trial d’entonner d’une voix de clarinette enrouée l’air si connu des Cloches de Corneville :


« J’ai fait trois fois le tour du monde… »


en ajoutant à l’adresse du baron :


« I n’en f’ra mêm’ pas la moitié ! »

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X


À midi quinze, notre train a dépassé la station de Kari-Bata, qui ressemble à l’une des stations du chemin de fer de Naples à Sorrente, avec ses toitures à l’italienne. J’aperçois un vaste camp asiatico-russe,