Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/158

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une caisse, quelques provisions, et me faire expédier par un ami complaisant… Cela coûte mille francs de Tiflis à Pékin… Mais, dès que je les aurai gagnés, la Compagnie sera remboursée, je vous le jure…

— Je vous crois, ami Kinko, je vous crois, et à votre arrivée à Pékin…

— Zinca est prévenue. On transportera la caisse à son logement de l’avenue Cha-Coua, et c’est elle…

— Qui paiera le port ?…

— Oui, monsieur.

— Et avec plaisir, j’en réponds…

— Bien sûr… car nous nous aimons tant !

— Et puis, Kinko, que ne ferait-on pas pour un fiancé qui consent à se transformer en colis pendant quinze jours, et qui vous arrive sous la rubrique de GlacesFragileCraint l’humidité

— Ah ! vous vous moquez d’un pauvre diable…

— Non pas… et vous pouvez être certain que je ne négligerai rien de ce qui dépendra de moi pour que vous arriviez bien sec et d’un seul morceau à mademoiselle Zinca Klork… enfin dans un parfait état de conservation !

— Encore une fois, je vous remercie, monsieur, répond Kinko en me pressant les mains. Croyez-le, vous n’aurez point obligé un ingrat.

— Eh ! ami Kinko, je serai payé… au delà !

— Et comment ?…

— En racontant, dès que je le pourrai sans danger pour vous, votre voyage de Tiflis à Pékin. Songez donc… quel titre de chronique ! Un amoureux en boîte !… Zinca et Kinko ! !… Quinze cents lieues à travers l’Asie Centrale dans un fourgon de bagages !!! »

Le jeune Roumain ne peut s’empêcher de sourire :

« Il ne faudra pas trop se presser… ajoute-t-il.

— Soyez sans crainte ! Prudence et discrétion, comme dans les agences matrimoniales. »