Ce fut sans l’ombre d’un accident et par une journée assez belle, que notre locomotive entra en gare de Yarkand, à quatre heures du soir.
Si Yarkand n’est pas la capitale administrative du Turkestan oriental, elle est certainement la plus importante cité commerçante de la province.
« Encore deux villes conjointes, dis-je au major Noltitz. Cela, je le tiens de Popof…
— Et cette fois, me répond le major, ce ne sont pas les Russes qui ont bâti la nouvelle.
— Nouvelle ou vieille, ai-je ajouté, je crains qu’elles ne ressemblent à ce que nous avons déjà vu, une muraille de terre, quelques douzaines de portes trouant l’enceinte, ni monuments ni édifices, et les éternels bazars de l’Orient ! »
Je ne me trompais pas, et c’était trop de quatre heures pour visiter les deux Yarkand, dont la nouvelle est appelée Yanji-Shahr. Heureusement, il n’est plus interdit aux Yarkandaises de circuler à travers les rues, bordées de simples cahutes en pisé, ainsi que cela se pratiquait au temps « des dadkwahs » ou gouverneurs de la province. Elles peuvent se donner le plaisir de voir et d’être vues, et ce plaisir est partagé par les « faranguis », — ainsi sont nommés les étrangers, à quelque nation qu’ils appartiennent. Elles sont fort jolies, ces Asiatiques, avec les longues tresses de leurs cheveux, les chevrons transversaux de leurs corsages, leurs robes de dessous à vives couleurs relevées de dessins chinois en soie de Khotan, leurs bottes brodées à hauts talons, leurs turbans de coquette forme, sous lequel apparaissent des cheveux noirs et des sourcils réunis par un trait.
Un certain nombre de voyageurs chinois, qui étaient descendus à Yarkand, sont remplacés par des voyageurs d’origine identique, — entre autres une vingtaine de coolies, — et nous repartons à huit heures du soir.
La nuit est employée à franchir les trois cent cinquante kilomètres qui séparent Yarkand de Khotan. Une visite que j’ai faite au fourgon