« Et, ajoute Pan-Chao, qui vient de me citer cette phrase cornarienne, je pense que le mariage peut être rangé parmi l’un de ces accidents-là ! »
Huit heures trois quarts. Personne n’a encore aperçu les futurs conjoints. Miss Horatia Bluett est enfermée dans l’un des cabinets de toilette du premier wagon, où elle s’occupe sans doute de ses ajustements nuptiaux. De son côté, il est probable que Fulk Ephrinell donne un dernier tour au nœud de sa cravate, un dernier poli aux bagues, breloques et autres bijoux de sa joaillerie portative. Je ne suis pas inquiet, nous les verrons paraître sitôt que la cloche aura commencé de tinter.
Je n’ai qu’un regret, c’est que le seigneur Faruskiar et Ghangir soient trop occupés pour se mêler aux joies de ce festival. Pourquoi donc continuent-ils d’interroger du regard l’immense désert ? Devant leurs yeux se développe, non pas quelque steppe cultivé de la région du Lob-Nor, mais le Gobi, qui est aride, triste et morne, ainsi qu’il ressort des rectifications dues à MM. Grjimaïlo, Blanc et Martin. Il y a lieu de se demander à quel propos tous deux l’observent avec une si particulière obstination.
« Si mes pressentiments ne me trompent pas, me dit le major Noltitz, il doit y avoir quelque chose. »
Que signifient ces paroles ?… Mais la cloche du tender, mise en branle, envoie ses joyeux appels. Neuf heures, — il n’est que temps de se rendre au dining-car.
M. Caterna est venu se placer près de moi, et je l’entends qui fredonne :
« C’est la cloche de la tourelle,
Qui tout à cou…p a retenti… »
Pendant que Mme Caterna réplique au trio de la Dame Blanche par le refrain des Dragons de Villars :
« Et sonne, sonne, sonne,
Et sonne et carillonne… »