en faisant le geste oblique de tirer une corde, conformément aux traditions du théâtre.
Les voyageurs se mettent en marche processionnellement, les quatre témoins d’abord, puis les invités qui arrivent des deux extrémités du village, — je veux dire du train, — des Célestes, quelques Turkomènes, un certain nombre de Tartares, hommes ou femmes, très curieux d’assister à cette cérémonie. Quant aux quatre Mongols, ils sont restés sur la dernière plate-forme, près du wagon au trésor, que les soldats chinois ne doivent pas quitter un instant.
Nous arrivons au dining-car.
Le clergyman est assis devant la petite table sur laquelle est déposé l’acte de mariage qu’il a préparé suivant les formes voulues. Il a visiblement l’habitude de ce genre d’opérations à tout le moins aussi commerciales que matrimoniales.
Le couple Ephrinell-Bluett n’a pas encore paru.
« Ah ça ! dis-je au trial, est-ce qu’ils auraient renoncé à se marier ?…
— S’ils y ont renoncé, répond en riant M. Caterna, le révérend nous remariera à leur place, ma femme et moi… Nous sommes en tenue de noces, et on n’aura pas mis ses grands pavois pour rien !… N’est-ce pas, Caroline ?
— Oui, Adolphe ! » réplique la minaudante dugazon.
Mais cette plaisante réédition du mariage de M. et Mme Caterna n’aura pas lieu. Voici M. Fulk Ephrinell, exactement vêtu ce matin comme il l’était hier, et, — détail à noter, — ayant encore un crayon derrière le lobe de son oreille gauche, car l’honnête courtier vient de terminer un compte pour sa maison de New-York.
Voici miss Horatia Bluett, aussi maigre, aussi sèche, aussi raide que peut l’être une courtière britannique, son cache-poussière pardessus son vêtement de voyage, et, en guise de bijoux, un trousseau de clefs tapageuses, qui pend à sa ceinture.
L’assistance s’est poliment levée à l’entrée des futurs. Après avoir salué à droite et à gauche, tous deux « prennent un temps », comme