Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/228

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touche davantage, les voyageurs seront massacrés sans pitié ni merci.

Et le seigneur Faruskiar, que le major Noltitz soupçonne si injustement ?… Je le regarde… Sa physionomie n’est plus la même ; sa belle figure est devenue pâle, sa taille s’est redressée, des éclairs jaillissent entre ses paupières immobiles…

Allons ! Si je me suis trompé sur le compte du mandarin Yen-Lou, du moins je n’ai pas pris un administrateur de la Compagnie du Grand-Transasiatique pour le fameux bandit du Yunnan !

Cependant, dès l’apparition des Mongols, Popof a fait précipitamment rentrer Mme Caterna, miss Horatia Bluett, les autres femmes turkomènes ou chinoises à l’intérieur des wagons. Nous avons pris toutes les précautions pour qu’elles y fussent en sûreté.

Je n’ai pour arme qu’un revolver à six coups, et je saurai m’en servir.

Ah ! je voulais des incidents, des accidents, des impressions de voyage !… Eh bien ! la chronique ne manquera pas au chroniqueur, à la condition qu’il se tire sain et sauf de la bagarre pour l’honneur du reportage et la gloire du XXe Siècle !

Mais n’est-il donc pas possible de jeter le trouble parmi les assaillants, en commençant par brûler la cervelle à Ki-Tsang, si c’est Ki-Tsang l’auteur de ce guet-apens ?… C’est ce qu’il y aurait de plus décisif.

Les bandits, après avoir fait une décharge de leurs armes, les brandissent en poussant des cris féroces. Le seigneur Faruskiar, son pistolet d’une main, son kandjiar de l’autre, s’est précipité sur eux, les yeux étincelants, les lèvres recouvertes d’une légère écume. Ghangir est à ses côtés, suivi des quatre Mongols, qu’il excite de la voix et du geste…

Le major Noltitz et moi, nous nous jetons au milieu des assaillants. M. Caterna nous a précédés, la bouche ouverte, ses dents blanches prêtes à mordre, clignant de l’œil, jouant du revolver. Le trial et le grand premier comique ont fait place à l’ancien matelot, qui a reparu pour la circonstance.