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Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/240

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« Cette nuit, les demoiselles d’honneur seront bien gardées ! »

Et, de fait, le trésor impérial le fut mieux que ne l’avait été la belle Athénaïs de Solange entre le premier et le deuxième acte des Mousquetaires de la Reine.

Le lendemain, dès l’aube, on est à l’ouvrage. Le temps est superbe. La journée sera chaude. Au 24 mai, en plein désert de l’Asie centrale, la température est telle que l’on pourrait faire durcir des œufs rien qu’en les recouvrant de sable.

Le zèle ne se ralentit point, et les travailleurs ne sont pas moins actifs que la veille. Le rétablissement de la voie s’opère régulièrement. Peu à peu, ayant été placés sur les traverses, les rails se raboutent les uns aux autres, et, vers quatre heures du soir, la circulation peut être reprise.

Aussitôt la machine, qui a été mise en pression, commence à s’avancer lentement ; puis les wagons la suivent, poussés à bras l’un après l’autre, afin de ne point provoquer un déraillement.

Enfin les voici arrivés sans dommage, et maintenant la voie est libre jusqu’à Tcharkalyk… que dis-je ? jusqu’à Pékin !

Nous reprenons nos places, et Popof donne le signal du départ, au moment où M. Caterna entonne le refrain de victoire des marins du vaisseau-amiral d’Haydée.

Mille hurrahs lui répondent !…

À dix heures du soir, le train fait son entrée en gare de Tcharkalyk.

Le retard a été de trente heures exactement. Mais, trente heures, n’est-ce pas assez pour que le baron Weissschnitzerdörfer manque le paquebot de Tien-Tsin allant à Yokohama ?…