XXII
Ainsi, moi qui voulais un incident, j’ai été servi à souhait, et je n’aurais qu’à remercier le Dieu des reporters, s’il n’y avait pas eu de victimes de notre côté. Je suis sorti sain et sauf de la bagarre. Tous mes numéros sont intacts, hormis deux ou trois éraflures insignifiantes. Seul, mon numéro 4 a été traversé d’une balle de part en part — dans son chapeau de noce.
À présent, je n’ai plus en perspective que la reprise du mariage Bluett-Ephrinell ! et le dénouement de l’aventure de Kinko. En effet, je ne pense pas que le rôle du seigneur Faruskiar nous réserve de nouvelles surprises. On peut compter sur le casuel, il est vrai, puisque le voyage est pour durer cinq jours encore. En comprenant le retard occasionné par l’affaire Ki-Tsang, cela fera juste treize jours depuis le départ d’Ouzoun-Ada.
Treize jours… Diable !… Et il y a treize numéros inscrits sur mon carnet… Si j’étais superstitieux, cependant !
Nous sommes restés trois heures à Tcharkalyk. La plupart des voyageurs n’ont point quitté leurs couchettes. On s’est occupé des déclarations relatives à l’attaque du train, des morts que l’autorité chinoise fera ensevelir, des blessés qui doivent être laissés à Tcharkalyk, où les soins ne leur manqueront pas. C’est une bourgade populeuse, m’a dit le jeune Pan-Chao, et j’ai le regret de n’avoir pu la visiter.
Quant à la Compagnie du Grand-Transasiatique, elle enverra sans délai des ouvriers, afin de réparer la voie, relever les poteaux télé-