Cependant, si le pays est triste, les voyageurs de notre train vont avoir cent raisons de ne pas l’être. Une journée de fête s’annonce avec ce beau soleil, dont les rayons dorent à perte de vue les sables du Gobi. Depuis le Lob-Nor jusqu’au Kara-Nor, il y a trois cent cinquante kilomètres à parcourir, et c’est entre ces deux lacs que s’accomplira le mariage si malencontreusement interrompu de Fulk Ephrinell et de miss Horatia Bluett. Espérons-le, aucun incident ne viendra cette fois retarder le bonheur des deux époux.
Dès l’aube, le wagon-restaurant a été réinstallé pour cette cérémonie, les témoins sont prêts à reprendre leur rôle, et les futurs ne peuvent qu’être dans les mêmes dispositions.
Le révérend Nathaniel Morse, en venant nous prévenir que le mariage sera célébré à neuf heures, nous présente les compliments de M. Fulk Ephrinell et de miss Horatia Bluett.
Le major Noltitz et moi, M. Caterna et Pan-Chao, nous serons sous les armes à l’heure dite.
M. Caterna ne croit pas devoir réendosser son habit de marié villageois, ni Mme Caterna son costume de mariée villageoise. Ils ne s’habilleront que pour le grand dîner qui sera servi à huit heures du soir, — dîner offert par M. Fulk Ephrinell à ses témoins et aux notables des wagons de première classe. Notre trial en gonflant sa joue gauche, me laisse entendre qu’il y aura une « surprise » au dessert. Laquelle ?… Je n’insiste pas par discrétion.
Un peu avant neuf heures, la cloche du tender a été mise en branle. Qu’on se rassure, elle n’annonce point un accident. C’est nous que ses joyeux tintements appellent au dining-car, et nous marchons en procession vers le lieu du sacrifice.
M. Fulk Ephrinell et miss Horatia Bluett sont déjà assis devant la petite table en face du digne clergyman, et nous prenons place autour d’eux.
Sur les plates-formes se sont groupés les curieux empressés à ne rien perdre de la cérémonie nuptiale.
Le seigneur Faruskiar et Ghangir, qui avaient été l’objet d’une