rive méridionale, animée du vol de nombreux oiseaux. À huit heures, lorsque nous quittons la gare, le soleil s’est couché derrière les dunes de sable, et une sorte de mirage, produit par réchauffement des basses couches de l’atmosphère, prolonge le crépuscule au-dessus de l’horizon.
Sitôt partis, sitôt à table. Le dining-car a repris son aspect de restaurant, et voici le repas de noces qui va remplacer le repas réglementaire. Une vingtaine de convives ont été invités à cette agape railwayenne, et en premier lieu le seigneur Faruskiar. Mais, pour une raison ou une autre, il a cru devoir décliner l’invitation de Fulk Ephrinell.
Je le regrette, car j’espérais que ma bonne chance m’aurait placé près de lui.
La pensée me vient alors que ce nom illustre vaut la peine d’être envoyé à la direction du XXe Siècle, — ce nom et aussi quelques lignes relatives à l’attaque du train, aux péripéties de la défense. Jamais information n’aura mieux mérité d’être expédiée par un télégramme, si cher qu’il coûte. Cette fois, je ne risque pas de m’attirer une semonce. Nulle erreur possible, dans le genre de celle qui s’est produite à propos du faux mandarin Yen-Lou que j’ai sur la conscience… Il est vrai, c’était dans le pays du faux Smerdis, et là peut être mon excuse.
C’est entendu, dès que nous serons arrivés à Sou-Tchéou, puisque la ligne télégraphique aura été rétablie en même temps que la voie ferrée, je ferai passer une dépêche, qui révélera à l’admiration de l’Europe entière le nom brillant de Faruskiar.
Nous voici à table. Fulk Ephrinell a fait les choses aussi bien que le permettent les circonstances. En vue de ce festin, les provisions ont été renouvelées à Tcharkalyk. Ce n’est plus la cuisine russe, c’est la cuisine chinoise, apprêtée par un cuisinier chinois, à laquelle nous allons faire honneur. Par chance, nous ne serons pas condamnés à manger au moyen de bâtonnets, et les fourchettes ne sont point prohibées des repas du Grand-Transasiatique.